Dans le cadre de la campagne "40 ans d'occupation d'al-Quds :
illuminons les flambeaux de sa résistance"
[ 11/06/2007 - 20:37 ]
CIREPAL
Le Centre d'Information sur la résistance en Palestine (CIREPAL) poursuit son éclairage sur la situation particulière de la première ville de Palestine, la ville sainte d'al-Quds, la capitale de la Palestine, dont une partie fut occupée en 1948 et intégrée dans l'Etat sioniste naissant, contrairement aux résolutions de l'ONU, et l'autre partie, occupée en juin 1967 et annexée.
La situation de la ville d'al-Quds, situation charnière à plus d'un niveau, montre précisément que l'Etat sioniste ne prévoit aucune limite à son extension depuis l'invasion de la Palestine en 1948 : tant qu'il peut occuper et coloniser, il le fait, aucune communauté internationale officielle ou officieuse ne le lui reproche ou ne lui met des freins. Le statut de ville annexée permet de comprendre comment les autorités sionistes procèdent pour avaler les terres et les villes, pour expulser la majeure partie de la population et israéliser ceux qui restent, une minorité écrasée à qui l'occupant impose ses propres règles : devenir "citoyen arabe israélien", c'est-à-dire un être sans aucune attache, ni au sol, ni au peuple, ni à l'histoire, la civilisation ou la culture. La seule attache autorisée par l'Etat spoliateur est celle qui lie ce "citoyen arabe israélien" à l'Etat.
Dans le cadre de cette campagne, où nous nous associons à la Fondation internationale pour al-Quds et le Réseau des institutions internationales de solidarité avec al-Quds, nous voulons attirer l'attention sur l'importance de la solidarité concrète avec le peuple palestinien résistant : La Fondation internationale a mis en place des projets de développement, en liaison avec les institutions palestiniennes d'al-Quds pour empêcher la judaïsation et l'israélisation.
Pour avoir plus d’informations sur la fondation internationale pour al-Quds et ses projets de développement, consulter le site [url=]http://www.alquds-online.org/Org/[/url] qui présente ses actions passées et ses projets futurs.
Entre occupation et négligence : la ville d'al-Quds poursuit sa résistance
6 juin 2007 Râsim 'Ubaydat*
*(Né à Jabal al-Mukabbir (al Quds) en 1958, écrivain et un des responsables de l'action nationale et civile de la ville d'al-Quds. Plusieurs fois arrêté par les forces de l'occupation, les dernières fois accusé d'activisme au sein du FPLP et pour participation aux élections législatives de l'autorité palestinienne).
.... Al-Quds, que nous citons dans nos discours, dans nos slogans, dans nos campagnes médiatiques, en tant que capitale éternelle de l'Etat palestinien, en tant que ligne rouge infranchissable, au niveau palestinien et arabe, al-Quds vers laquelle nos regards se tournent, vers laquelle nos pas se dirigent en tant que martyrs, et autres, al-Quds, où nous ne trouvons aucune mesure pratique sur le terrain. Cette négligence et cette défaillance palestiniennes, que ce soit au niveau de l'Autorité, des partis et des organisations, des Arabes et des musulmans, envers al-Quds, sont parallèles à une série de mesures et de pratiques de l'occupation, auxquelles participent dans l'exécution et la planification, le gouvernement et les institutions officielles israéliennes, avec tous leurs appareils, à tous les niveaux, visant tout ce qui se rapporte à l'être humain palestinien en relation avec al-Quds, que ce soit l'homme, la pierre, l'arbre, la culture, le patrimoine et les lieux saints...
Le but de cette politique vise essentiellement à judaïser la ville sainte et israéliser sa population. Cela ne se limite pas aux droits économiques et sociaux, mais cela touche également l'aspect national et politique, consistant à supprimer la présence palestinienne dans al-Quds, à arracher son identité palestinienne et sa nationalité arabe, et ce qui est important à dire, c'est que les accords d'Oslo, injustes et humiliantes, ont eu des effets extrêmement négatifs sur les Palestiniens d'al-Quds. Outre le fait que la partie palestinienne signataire de ces accords a accepté de reporter la discussion sur son statut, vers la phase de ce qui fut appelé la phase de la solution définitive, elle a également accepté et entériné implicitement les pratiques et les mesures israéliennes envers sa population palestinienne.
Il ne s'agit pas ici de faire de la surenchère ou de l'incitation contre telle ou telle partie, mais la réalité prouve et appuie la véracité de ces paroles. La partie palestinienne a accepté et entériné le fait que les habitants d'al-Quds et les porteurs par contrainte de la nationalité israélienne n'ont pas le droit d'obtenir un passeport palestinien, tout comme les accords d'Oslo ont montré que la partie palestinienne a accepté que les Palestiniens habitants d'al-Quds participent aux élections présidentielles et législatives de l'Autorité palestinienne par le biais des boîtes postales israéliennes, et que les élus, membres du conseil législatif palestinien de la province d'al-Quds n'ont pas le droit d'exercer leurs activités dans la région d'al-Quds située dans ce qui s'appelle les limites de la municipalité israélienne de Jérusalem. Ceci est en soi très important et quoique nous cherchons à les embellir, ce sont des concessions gratuites.
Aujourd'hui, lorsque nous parlons d'al-Quds, nous disons que non seulement la ville est la plus isolée de son environnement palestinien, mais elle est entièrement isolée, de sorte que non seulement elle est entièrement entourée de colonies, mais les colonies se trouvent au coeur même de l'ancienne ville. De plus, elle est entourée par le mur de l'apartheid, l'isolant totalement de son environnement palestinien, géographiquement, démographiquement, économiquement, socialement, culturellement, politiquement et dans la vie quotidienne.
L'occupant a fait d'al-Quds un ghetto fermé et s'est mis à pratiquer envers sa population palestinienne toutes sortes de violations de leurs droits sociaux et économiques : les confiscations des terres, la construction de colonies et l'élargissement de celles déjà construites, la destruction des maisons, les amendes extrêmement élevées pour ce qu'ils appellent la construction non autorisée, sans parler des conditions impossibles pour obtenir des autorisations, la confiscation du droit des habitants à y vivre, l'annulation de leurs droits économiques et sociaux, les entraves à leur déplacement vers les lieux de culte, et notamment vers la mosquée al-Aqsa, au moment où les campagnes visant ces lieux saints se sont accentuées, comme les fouilles menées sous la mosquée, à la porte al-Maghariba, la destruction du monticule menant à la mosquée al-Aqsa du côté de la porte al-Maghariba, dernier pas avant la destruction de la mosquée al-Aqsa, et la construction d'un prétendu temple à sa place.
La colonisation et les confiscations des terres
Après avoir achevé la construction de cercles de colonies autour de la ville sainte, de tous côtés, renforcées par un mur, avec tout ce que cela comporte d'effets destructeurs sur tous les aspects de la vie des habitants d'al-Quds, et les dangers de ces effets destructeurs, qui sont équivalents, sinon plus, à la nakba de 1948, l'occupant a accentué le niveau des confiscations des terres des habitants d'al-Quds situées à l'intérieur du mur, pour construire des colonies et élargir celles qu'il a déjà construites, plus de 2000 dunums ont été récemment confisquées des terres du village al Walja, au sud d'al-Quds, pour construire 5000 unités de colonisation nouvelles.
S'ajoutent aussi les ceintures de colonies continues autour de l'ancienne ville d'al-Quds et en plein coeur, où se trouve la colonie Maale Haztim, dans Ras al-Amoud, avec ses 132 unités d'habitation, avec la planification d'installer encore 200 unités d'habitation à la place du centre de police de Ras al-Amoud, après qu'il ait été enelvé au profit des institutions et associations de colonisation. Il y a aussi la colonie Tsion Zahaf, avec 200 unités d'habitations, sur le Jabal al-Mukabbir, plutôt au coeur du Jabal al-Mukabbir, dans la plus grande opération mafieuse entre ce qui prétend posséder la propriété d'une partie de cette terre, le colon Aboud Levi et ce qui s'appelle la municipalité d'al-Quds qui, pour faciliter et légaliser la construction de ce quartier colonial, a confisqué les terres palestiniennes entourant ce projet pour "utilités communes", soit au profit du projet colonial. Un autre plan est en place pour construire une colonie, Kadmat Tsion, sur les terres du village Abu Dis, donnant sur le quartier Ras al-Amoud et le Jabal al-Mukabbir, dans le but d'assurer une liaison démographique juive, qui commence à partir du quartier de Sheikh Jarrah, en passant par Jabal al-Zaytoun où se trouve le point de colonisation Beit Oron, puis Maale Adumim avant de rejoindre Tsion Zahaf.
Cette ceinture coloniale autour de l'ancienne ville, elle avait été annoncée il y a deux ans et demi par le ministre israélien du tourisme, Bini Alon, qui avait parlé de 17 points de colonisation prévus autour de la ville sainte, en plus d'un quartier colonial à l'intérieur des murs de la vieille ville, connue sous le nom de Burj al-Luqluq, projet qui prévoit la construction de 4000 unités d'habitation, afin de devenir le second quartier juif à l'intérieur des murs de la vieille ville, après le quartier construit sur les ruines du quartier al-sharaf, après la chute d'al-Quds en 1967.
Cette intensification coloniale (construction de colonies et confiscation de terres) se poursuit avec la mainmise sur les propriétés des habitants d'al-Quds à l'intérieur et à l'extérieur de la vieille ville, pour atteindre plus de 100 terrains dont se sont emparés les colons. Une autre forme d'activité coloniale se déroule autour de la vieille ville, celle du creusement d'un réseau de souterrains, de ponts et de routes stratégiques qui est presque achevé, le plus connu étant le souterrain sous Jabal Zaytoun, où 52 dunums ont confisqués des terres du quartier Wad al-Joz, et la route n° 1 qui a avalé plus de 370 dunums des terres des Palestiniens, puis la route n°4 qui a aussi avalé, pour sa construction, 2200 dunums des terres de l'ancienne Beit Hanina. Il y a aussi la route qui encercle la partie orientale, qui a avalé 1070 dunums de terres de plusieurs villages entourant al-Quds, sans parler du mur de l'apartheid presque achevé, qui s'étend sur 72 kms sur les terres des Palestiniens.
La démographie d'al-Quds
Il est nécessaire de dire qu'il y a une relation étroite entre les activités coloniales à l'intérieur et autour de l'ancienne ville, car l'augmentation du nombre des habitants d'al-Quds à l'intérieur des limites de qui s'appelle la municipalité d'al-Quds, qui a atteint plus de 30% de l'ensemble des habitants d'al-Quds, suscite une vive inquiétude chez les décideurs israéliens, qui planifient et programment leur stratégie future, sur la base "le moins possible d'habitants arabes d'al-Quds", qui sont considérés comme une quantité supplémentaire dont il faut se débarrasser, par tous les moyens possibles, légaux ou illégaux.
Pour ce faire, et afin que les habitants de la partie orientale d'al-Quds ne soient pas majoritaires, la ceinture coloniale autour et à l'intérieur de la vieille ville a été installée avec le mur, tout cela pour empêcher que les Arabes d'al-Quds ne représentent 60% des habitants d'al-Quds en 2020, selon une étude israélienne préparée par un expert en démographie de l'université hébraïque, Sergio Veer Gola.
Cette question ne se limite pas à la colonisation et la confiscation des terres mais fut accompagnée par une intensification dangereuse, après la construction précisément du mur de l'apartheid, où une large campagne de destructions de maisons appartenant aux Palestiniens d'al-Quds, sous des prétextes divers, comme la non obtention d'autorisations. Et nous pouvons dire que depuis le début de la seconde Intifada jusqu'à présent, près de 750 maisons ont été détruites, sans parler des centaines d'ordres de démolition, des obstacles renforcés à la construction non autorisée, ainsi que les amendes qui montent à des centaines de milliers de shekels pour des constructions non autorisées, mais aussi les conditions impossibles d'obtenir des autorisations, comme le fait de réclamer aux Palestiniens la preuve de la possession de la terre sur laquelle ils ont l'intention de construire leurs maisons et les prix excessifs réclamés par l'administration des terres, et l'obtention de l'accord des voisins. La poursuite contre les Palestiniens par rapport à cet aspect s'est élargie de telle sorte que la compagnie d'électricité est interdite de relier ces maisons non autorisées au réseau électrique, tout comme la compagnie de l'eau est empêchée de fournir l'eau à ces habitations.
Même les constructeurs, les entreprises de bâtiments et les propriétaires des camions et des usines de ciment n'échappent pas à ces mesures de la municipalité et du ministre de l'intérieur de l'occupation : des camions de ciment et des matériels d'architecture utilisés dans la construction sont confisqués, leurs propriétaires sont soumis à des amendes et à la prison effective. La municipalité de l'occupation a recours à de nouveaux moyens pour limiter ce qu'il appelle la construction non autorisée, comme la publication des photos des immeubles visés par la destruction, avec les ordres de démolition apposés pour mettre en garde les citoyens d'acheter des appartements, ou d'y habiter, avec des menaces de châtiments sévères pour quiconque enfreint ces ordres.
Il n'y a pas un chiffre précis à propos de la construction non autorisée, mais il y a environ entre 8000 et 12.000 maisons. L'occupation ne s'est pas contenté de ces pratiques et mesures, ces lois "farfelues" contre les habitants d'al-Quds, mais les autorités de l'occupation ont élargi et intensifié la colonisation pour entourer la ville sainte par des ceintures de colonies, de tous les côtés, comme Maale Adoumim à l'est, Giv'at Zeev, à l'ouest, l'agglomération coloniale au nord avec Adam et Maale Makhmas, et au sud, la grande agglomération coloniale avec Gush Atsion. Cette ceinture coloniale qui inclut al-Quds à l'intérieur, est la limite de la grande ville d'al-Quds, qui représente 10% de la superficie de la Cisjordanie.